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Bains de foule. Les voyages présidentiels en province, 1888-2002. , Paris, Belin, collection « Socio-histoires », 2006, 352 p., ISBN : 2-7011-4452-3.

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70 ANS : DE 1943 À 2013

Exclusif seneplus : de franklin roosevelt à barack obama ou la longue histoire des voyages présidentiels américains au sénégal.

Les voyages présidentiels constituent l’un des indicateurs les plus significatifs de l’importance des relations d’amitié, de coopération et des intérêts nationaux  entre les Etats. A cet égard, l’histoire des voyages présidentiels américains au Sénégal renseigne clairement sur l’ancienneté et la qualité des relations entre les deux nations, au-delà des régimes politiques.

De 1943 à 2013, plusieurs présidents des Etats-Unis ont effectué une visite au Sénégal, dans le cadre de leurs très rares tournées africaines. A l’inverse, tous les présidents sénégalais, à l’exception du président Wade, ont été reçus à la Maison Blanche par tous leurs homologues américains.

Pourquoi le Sénégal, petit pays en développement, attire-t-il les présidents de la première puissance mondiale ?

Gorée en 1883, après Zanzibar, Pretoria et Libreville

Le début des relations bilatérales entre le Sénégal et les Etats-Unis remontent à 1883, avec l’ouverture, sous la colonisation française, du premier consulat des Etats-Unis sur l’île de Gorée. Ce fut le quatrième ouvert en Afrique après celui de Zanzibar, Pretoria et Libreville. Il fut  dirigé par Peter Strickland, un négociant, enseignant et navigateur, originaire du Connecticut, dont la juridiction s’étendait à toute l’Afrique de l’Ouest. Il rayonnait sur Bathurst, connu actuellement sous le nom de Banjul, Bissau et Saint-Louis du Sénégal. Il exerça ses fonctions d’agent consulaire cumulativement avec celles de négociant jusqu'en 1905.

Il importe de signaler que le bâtiment ayant abrité le premier consulat américain sur l’ile de Gorée fut racheté plus tard par un ancien ambassadeur des Etats-Unis à Dakar, qui s’y était installé pendant longtemps après sa retraite. Il importe également de rappeler que depuis la Renaissance , l’établissement de relations consulaires, qui ont historiquement précédé celles des relations diplomatiques, visaient à assurer la représentation des souverains et surtout promouvoir et protéger leurs intérêts économiques et commerciaux dans les pays respectifs, ainsi que leurs citoyens.

Or au 19e siècle, les relations commerciales entre la colonie du Sénégal et les Etats-Unis étaient extrêmement denses. Les exportations comprenaient l’arachide, des peaux d’animaux, de la gomme arabique, tandis que les importations étaient essentiellement composées de produits manufacturés, dont le Ketchup Heinz, très vraisemblablement introduit au Sénégal par Strickland, des conserves alimentaires, du tabac, des spiritueux, du coton, du bois de pin et des barres de glace, etc.

L’histoire retient que, malgré son exécrable niveau en français, Peter Strickland fut un redoutable concurrent des négociants coloniaux, au point que, faisant dans l’autodérision, il consigna dans un de ses nombreux journaux que ses amis-concurrents français rataient rarement l’occasion de lui rappeler perfidement qu’il ‘’n’était pas membre de l’Académie française !’’

Le début de l’histoire s’est écrit en 2 heures 50 minutes

Le premier voyage d’un président des Etats-Unis au Sénégal remonte au 9 décembre 1943, date à laquelle le président Franklin D. Roosevelt, à l’époque leader incontesté du monde occidental en pleine Seconde Guerre Mondiale, en compagnie de son épouse Eleanor Roosevelt, fit une escale technique à Dakar, de retour d’un voyage en Tunisie et en route vers les Etats-Unis.

En effet, suite à un vol non stop de 12h30, entre Tunis et Dakar, avec atterrissage à 18h10 à Rufisque, le président Roosevelt fut immédiatement conduit en voiture à la base navale française, où il fut accueilli par le Gouverneur général de l’Aof, Pierre Cournarie. Le président Roosevelt prit le chemin du retour vers Washington à 21h à bord du navire de guerre américain Us Iowa qui mouillait au large de Dakar.

A l’indépendance, les Etats-Unis ont été le huitième Etat au monde à ouvrir une représentation diplomatique à Dakar, bien avant tous les Etats-membres actuels de l’Union africaine, à l’exception de l’Egypte !  Dans ce contexte, le vice-président Lyndon B. Johnson, sous  l’administration du président John F. Kennedy, effectua la première visite d’un chef de l’Exécutif américain au Sénégal après son accession à l’indépendance.

Venu représenter le président John F. Kennedy à la célébration de la première fête de l’indépendance du Sénégal, en avril 1961, le vice-président Johnson passa quatre jours à Dakar. Cette visite reste la plus longue jamais effectuée par un haut dirigeant américain au Sénégal.

Sur la même veine, il convient de mentionner la longue durée, 13 jours, de la tournée entreprise en 1982 par le vice-président George  Herbert Bush, sous l’administration Reagan, incluant le Cap Vert, le Sénégal, le Nigeria, la Zambie, le Zimbabwe et Zaïre.

Toutefois, on notera une très longue pause du côté américain, s’agissant, à proprement parler, de tournées présidentielles en Afrique.

Bill Clinton balise la voie

En 1998, le président Bill Clinton entreprit le plus long voyage jamais effectué par un chef de l’Exécutif américain sur le continent africain. L’étape de Dakar, du 31 mars au 2 avril, bouclait un périple d’une dizaine de jours l’ayant conduit, tour à tour, au Ghana, en Ouganda, en Afrique du Sud et au Botswana.

Au-delà des aspects politiques et diplomatiques, les images et actes symboliques forts furent le vibrant hommage rendu au parangon du courage et de la sagesse politique, Nelson Mandela. La photo du président Clinton s’entretenant attentivement avec Madiba , dans sa mythique cellule des tristement célèbres geôles de Robben Island , fut une métaphore parlante de la superpuissance économique et militaire à l’écoute de la sagesse.

A celle-ci, s’ajoute la photo non moins symbolique du président Clinton à la porte du ‘’voyage sans retour’’ de l’aussi sinistre Maison des esclaves de Gorée. Ces deux images sont symboliquement illustratives d’un axe mémoriel , qui articule la relation oppression/liberté des peuples d’Afrique tout en jetant un pont imaginaire entre les deux iles-symboles, Gorée et Robben Island. 

Expliquant la motivation de son voyage inédit en Afrique, le président Clinton souligna qu’il voulait ‘’remettre l’Afrique sur la carte du monde’’. Historique s’il en fut, l’étape de Dakar avait été précédée par la mission préparatoire effectuée au Sénégal, du 17 au 18 mars 1997, par la First Lady Hillary R. Clinton.

Le président Clinton eut droit à un accueil très populaire et enthousiaste de la part des Sénégalais. Au cours de son séjour, au pas de charge, il mena diverses activités : entretien bilatéral avec le président Diouf, visite et grand discours à Gorée, etc.

L’image symbolique forte représentée par la photo des présidents Clinton et Diouf à la porte du ‘’voyage sans retour’’ de la Maison des esclaves de Gorée, qui fit la une de nombreux grands journaux aux Etats-Unis et dans le monde, illustrait bien la portée du grand discours prononcé par le premier sur l’ile de Gorée. En tant que premier président des Etats-Unis à se prononcer sans ambages sur le sujet, en terre africaine, il trouva les mots et la tonalité justes pour dénoncer le crime de l’esclavage en convoquant l’histoire commune entre l’Afrique et les Etats-Unis.

Il dit : ’’En 1776, précisément au moment où notre Nation était portée sur les fonts baptismaux, sous-tendus par la proclamation que le Créateur avait doté tous les êtres humains d’un droit à la liberté, on inaugurait ici même à Gorée, cet édifice consacré à la vente de personnes humaines en esclavage à destination des Etats-Unis. Par conséquent, l’ile de Gorée est tout à la fois une partie intégrante de notre histoire que de celle l’Afrique.

Clinton de poursuivre : ‘’De Gorée et d’autres lieux de ce continent, des fils et des filles d’Afrique ont été déportés, à travers la porte du ‘voyage sans retour’, arrachés à jamais à leurs familles et amis. Ceux qui survécurent à la mortelle traversée de l’Atlantique (Middle Passage) émergèrent des sinistres cales pour devenir, eh oui, des  Américains. Toutefois, le temps fut très long avant que leurs descendants accédassent à la liberté dans son sens plein et entier.’’

Regardant positivement vers l’avenir et d’une manière quasi-prémonitoire, il conclut : ‘’Aujourd’hui, ce grand voyage est symbolisé par les enfants d’Afrique qui actuellement font partie des dirigeants des Etats-Unis, à tous les niveaux de notre vie commune. Bon nombre parmi eux m’accompagnent dans cette visite, en tant que  représentants de 30 millions d’Américains qui constituent le meilleur présent de l’Afrique à l’Amérique.’’

Variant sur le même thème et rappelant le devoir de mémoire et son corollaire, l’impératif du pardon, le président Diouf, qui avait précédé son homologue au podium, lança une  formule choc, en anglais, ‘’we forgive but we don’t forget (nous pardonnons, mais n’oublions pas) ’’ .

Le président Clinton ayant balisé la voie vers le continent, son successeur, le président Georges W. Bush, à son tour, entreprit un long voyage en Afrique, le menant au Sénégal, au Nigeria, au Ghana et en Afrique du Sud. L’étape de Dakar eut lieu le 8 juillet 2003 et fut loin de connaitre un succès populaire.

La visite de quelques heures, fut marquée par un déploiement sécuritaire sans précédent, au point que les Sénégalais ne cachèrent pas leur exaspération. Le tollé soulevé par la visite du président Bush sur l’île mémoire de Gorée fit passer presque inaperçu le mini sommet sous-régional, ayant réuni les présidents Wade, Bush, Tandja (Niger), Jammeh (Gambie) et Kabba (Sierra Leone).

Cinq présidents américains pour Léopold Senghor

Dès l’indépendance, une période marquée par le réveil du nationalisme en Afrique et dans le tiers monde en général et de la  Guerre Froide, le président Senghor réussit à faire rejaillir son prestige intellectuel personnel sur l’image internationale du Sénégal. Ce qui lui permit de gagner le respect, voire l’admiration, des ‘’grands de ce monde’’.

De plus, bien que radicalement rangé dans le camp occidental, sous le giron de la France, le président Senghor et son équipe de politique étrangère, dirigée par Me Doudou Thiam, réussirent le tour de force de définir une  stratégie ‘’réaliste et rationnelle’ permettant de, subtilement, concilier les intérêts nationaux du Sénégal, enchevêtrés de manière complexe et parfois contradictoire, dans un contexte périlleux de clivages Est-Ouest et Nord-Sud.

Ainsi, le Sénégal sut opportunément tirer son épingle du jeu, des intérêts d’Etat, sur l’échiquier politique international. Parallèlement, le pays de la Téranga ne manquait pas de faire entendre sa voix sur les grandes questions internationales, parfois divergentes avec celles des alliés occidentaux.

C’est dans ce contexte que le président Senghor fut reçu à la Maison Blanche par tous ses homologues américains : les présidents John F. Kennedy (3 novembre 1963), Lyndon B. Johnson (28 septembre 1966), Richard Nixon (18 juin 1971), Gerald  Ford (22 mai 1975) et Jimmy Carter (8 juin 1978).

En  raison du caractère inaugural de la visite du président Senghor à Washington, en 1961, dans la longue histoire des relations américano-sénégalaises, il convient de revisiter sa déclaration, à son arrivée dans la capitale fédérale ainsi que celle de son homologue américain ; ceci, semble t-il, pourrait permettre de déceler quelques pistes d’explication des fondements de cette longue et singulière amitié transatlantique entre la superpuissance mondiale, anglophone et ce pays ouest-africain, bastion et l’un des porte-étendard d’une forme de ‘’francophonisme’’ .

Venu accueillir son hôte de marque au National Airport de Washington, le président Kennedy déclara : ‘’Je voudrais exprimer toute notre satisfaction à  vous accueillir, Monsieur le Président, ici à Washington. Il y a fort longtemps, un célèbre américain affirmait que cela lui importait peu de savoir qui allait rédiger les lois de la nation pour autant que ce dernier fût capable d’écrire l’hymne de cette même nation. Monsieur le président, vous avez à la fois contribué à l’écriture de l’hymne, mais également à la rédaction des lois de votre nation. Vous avez été un architecte de l’indépendance de votre nation.’’

En outre, le chef de l’Exécutif américain précisa : “Nous vous accueillons en votre qualité d’éminent acteur du progrès de la civilisation occidentale ;  je voudrais vous dire, et permettez-moi de préciser que je parle au nom du peuple américain, que nous vous sommes très reconnaissants pour vos conseils avisés et votre amitié tout au long de cette importante année 1961.”

Après avoir fait l’éloge du  président-poète, le locataire de la Maison Blanche ajouta : ‘’Vous verrez des millions d’hommes et de femmes immigrants venus d’Afrique et qui sont en train de construire leur place au soleil en Amérique, en renforçant leur rôle dans la société. Ils constituent le maillon le plus solide entre notre pays et votre continent.’’

En guise de conclusion, il martela : ‘’Vous verrez également des millions d’Américains qui sont venus d’autres régions du monde afin de construire leur avenir, en toute autonomie, liberté, fraternité, dans une société libre. Bien que le Sénégal et les Etats-Unis soient séparés par des milliers de kilomètres et que nous ayons des trajectoires historiques et des positions différentes, nous souhaitons véritablement au Sénégal ce que vous nous souhaitez, à savoir la paix, la liberté, la souveraineté nationale et des possibilités de construire une vie meilleure pour votre peuple. Par conséquent, le Sénégal et les Etats-Unis sont fondamentalement des pays frères.’’

Dans sa réponse, le président Senghor révéla : “Combien nous sommes profondément touchés d’être accueillis par la grande République fédérale que sont les Etats-Unis. Mais si nous vous admirons, c’est moins en raison de votre puissance, au plan matériel, que par votre force spirituelle. Autre raison, vous fûtes une colonie. Nous garderons toujours dans nos mémoires, votre Déclaration d’Indépendance et votre Charte des droits fondamentaux. Vous avez véritablement traduit dans la réalité les principes énoncés dans ces déclarations- une grande République d’Hommes libres.

Le président sénégalais de poursuivre : ‘’Au cours des deux dernières guerres mondiales, les Etats-Unis n’ont pas seulement défendu la liberté des Etats-Unis, mais aussi celle de tous les peuples du monde ;  et nous vous admirons pour cela. Le Sénégal est un petit pays, mais c’est une République qui s’inspire des principes de la démocratie. Nous avons un régime parlementaire. Nous avons, certes, une majorité, mais il y a une opposition, ainsi les droits fondamentaux de l’Homme sont garantis. Les similitudes entre nos deux systèmes politiques constituent l’une des explications de l’amitié entre nos deux nations.’’

Certes, les propos diplomatiques et les amabilités échangés entre hommes et femmes d’Etat de très haut niveau sont empreints d’une courtoise toute convenue. Toutefois, ceux-ci ne sont pas toujours et absolument dénués d’une certaine forme de sincérité. A cet égard, on peut légitimement en déduire, que, de la part des Etats-Unis, l’admiration vouée au charismatique président-poète et au-delà de sa modeste personne, au pluralisme sociopolitique qui caractérisait la nation naissante, constituaient les forces d’attraction.

Quant au Sénégal, il semblait être séduit par le fort leadership politique, militaire, technologique et économique qu’exerçaient les Etats-Unis sur l’échiquier mondial depuis la Première Guerre mondiale, mais surtout par ses idéaux et son système démocratiques.

Enfin, pour le chantre de la Négritude, tout francophile militant qu’il fût, les racines africaines des Noirs des Etats-Unis, mais surtout la filiation entre le mouvement culturel afro-américain Harlem Renaissance et son propre mouvement, semblaient être des éléments explicatifs de son intérêt certain pour les Etats-Unis.

Eu égard à ce qui précède, on peut affirmer que le piton d’arrimage de cette longue histoire d’amitié, au-delà des intérêts nationaux, dans ses dimensions géopolitique, économique ou idéologique, reste la douloureuse histoire commune, l’admiration mutuelle liée au prestige international et une certaine similitude, toutes proportions gardées, entre les mythes fondateurs des deux nations adossés à l’exceptionnalisme , en termes de démocratie, de diversité et de pluralisme et de tolérance.

Diouf-Reagan : ‘’d’accord d’être en désaccord’’

A son tour, le président Abdou Diouf fut reçu par tous ses homologues américains : Jimmy Carter (avril 1980), Ronald Reagan (avril 1983), Georges H. Bush (septembre 1991) et Bill Clinton (mai 1994).

La rencontre entre les présidents Reagan et Diouf, en 1983, revêtit un cachet symbolique singulier, en raison de sa coïncidence avec le centenaire de l’établissement de relations consulaires entre la colonie du Sénégal et les Etats-Unis.

Dans une déclaration lue devant la presse à la suite de l’audience, le président Reagan déclara que les ‘’ Etats-Unis et le Sénégal constituent des raretés, des pays démocratiques’’.

Par ailleurs, le président Reagan souligna que l’entretien avec son homologue sénégalais avait permis de trouver de larges plages de convergence de vue sur les grandes questions diplomatiques internationales d’intérêt commun, mais qu’il subsistait tout de même quelques points de divergence entre les deux parties sur lesquels il était convenu de rester ‘’d’accord d’être en désaccord’’.

Le président Diouf fut aussi reçu par le président Georges H. Bush le 10 septembre 1991. Dans un toast prononcé à l’occasion d’un déjeuner en l’honneur de son hôte de marque, le président Bush exprima tout le plaisir qu’il avait à le recevoir en guise de réciprocité pour la Terang a sénégalaise qui lui  avait été réservée en 1982 lors d’une visite officielle au Sénégal. Et le président Bush d’ajouter : ‘’Nous sommes particulièrement heureux de recevoir à la Maison Blanche, la maison du peuple américain, le premier ressortissant du continent africain à y être invité.’’

Dans ce même toast, le président Bush, à l’instar de ces prédécesseurs, mit en exergue les valeurs communes qui lient le Sénégal et les Etats-Unis : ‘’Nous sommes attachés à la liberté, la dignité humaine, au respect des droits de l’Homme, au pluralisme, à la liberté individuelle et à l’auto-détermination des nations . ’’ Le locataire de la Maison Blanche ne manqua pas de rappeler : ‘’Le Sénégal fut le premier Etat d’Afrique sub-saharienne à dire à Saddam Hussein : ‘votre agression est intenable’.

Dans sa réponse, le président Diouf, tout en se félicitant de la qualité de la coopération bilatérale, n’en manquait pas moins de rappeler une revendication forte du Sénégal et de l’ensemble des pays non alignés : ‘’La nécessité de démocratiser les relations internationales et de privilégier l’approche multilatérale dans la résolution pacifique des problèmes du monde, sous l’égide des Nations-Unies.’’

Quant au président Abdoulaye Wade, il fut reçu le 28 juin 2001 à la Maison Blanche, en compagnie de ses homologues, Alpha Oumar Konaré (Mali) et John Kufuour (Ghana). Il faut souligner que, de l’indépendance à nos jours,  le président Wade a été le seul président sénégalais en exercice à qui les portes de la Maison Blanche ont été fermées par son homologue américain.

Cet événement diplomatique revêt évidemment une signification qu’il est loisible à chacun d’interpréter en fonction de sa grille de lecture. Mais force est de constater le fait objectif suivant : sous le magistère des présidents Wade et Obama, il n’a été noté aucune expression ouverte de divergences entre leurs pays respectifs, sur des dossiers internationaux d’intérêt commun, pouvant valablement justifier un coup de froid entre Dakar et Washington.

Bien au contraire. Car, même si c’est le président Bush qui initia l’un des plus grandes initiatives américaines d’aide au développement (non remboursable), à savoir le Millenium Challenge Account (Mca), c’est bien sous le président Obama que le Sénégal décrocha son accord de financement (compact ) d’un montant 270 milliards de francs Cfa ; ce qui fut considéré, à raison, comme un éclatant succès de diplomatie de développement, à l’actif du gouvernement du président Wade. Lequel, explicitement, souscrivait en même temps aux conditionnalités rigoureuses de bonne gouvernance, notamment de la lutte contre la corruption et du respect de l’Etat de droit.

L’élection du président Sall, par l’exemplarité de son caractère pacifique et démocratique, a, semble t-il, ouvert une ère nouvelle dans les relations entre le Sénégal et les Etats-Unis, suite à une courte parenthèse tumultueuse, dans une longue histoire de relations d’amitié et de coopération généralement sans vagues.

Ainsi, un an après son élection, le président Sall a été reçu à la Maison Blanche en mars 2013, avec quatre de ses pairs africains. Un mois après cette audience, la Maison Blanche annonçait, le périple africain du président Obama, devant le conduire en Afrique du Sud, en Tanzanie et au Sénégal. Si le président Clinton détient le record, en termes de nombre de jours et de pays visités en Afrique, le séjour du président Obama au Sénégal, 48 heures, compte tenu de son agenda, est aussi inédit.

Obama-Sall, un nouveau départ

Pour des raisons historiques, géopolitiques et idéologiques, le Sénégal et les Etats-Unis, deux Etats partageant ‘’l’exceptionnalisme’’ en tant que mythe fondateur de leurs nations respectives, entretiennent de très anciennes relations d’amitié, comme en atteste le récit des visites présidentielles entre Dakar et Washington.

De l’indépendance du Sénégal à nos jours, et dans une totale continuité, tous les chefs d’Etat sénégalais soit ont reçu soit ont été reçus par tous leurs homologues américains, voire les deux à la fois, à l’exception du président Wade. Il n’a ni reçu, ni été reçu par le président Obama. Cette rupture traduisait objectivement un coup de froid sur l’axe Dakar-Washington. D'où la signification particulière de la visite du président Obama à Dakar.

Elle représente un succès diplomatique, de prestige pour le gouvernement du président Sall, d’autant qu’à l’exception du Bénin visité par le président Bush (2008), le Sénégal reste le seul pays francophone d’Afrique subsaharienne ayant été inclus dans l’agenda des tournées africaines de tous les trois présidents Etats-Unis ayant sacrifié à cet exercice.

Au-delà, il s'inscrit dans la continuité de la considération des Etats-Unis pour l’attachement du peuple sénégalais à la paix et au dialogue, à la tolérance, au pluralisme ethnique,  religieux, au respect des droits de l’Homme, mais surtout à sa maturité démocratique toujours grandissante, dans un contexte sous-régional, marqué par une tendance régressive et l’émergence de nouvelles et graves menaces non-militaires.  Aussi, de par sa nature radicalement républicaine et ses contributions remarquables aux efforts de sécurité collective, l’armée du Sénégal jouit-elle d’un respect incontestable de la part Etats-Unis. 

Tous ces atouts politiques et de prestige du Sénégal constituent des leviers d'influence sur l’échiquier international (soft power), qui auront été amplifiés de manière éclatante par la visite du président des Etats-Unis, qui aura polarisé sur le Sénégal, ne serait-ce que pour quarante huit  heures, l'attention des médias ainsi que des décideurs économiques et politiques des Etats-Unis et au-delà.

Les potentiels effets induits pourraient, à coup sûr, renforcer l’attractivité du Sénégal en termes d’investissement étranger, de tourisme et d’aide au développement, un objectif stratégique de la politique étrangère du Sénégal.

In fine, si la visite des chefs est le baromètre de la température de l’amitié entre les Etats, on peut affirmer sans ambages qu’il souffle un fort ‘’ harmattan saharo-sahélien’’ sur l’axe Dakar-Washington !

* Diplômé de l’Académie diplomatique de Vienne/ex enseignant-chercheur en études américaines

Email : [email protected]

PS : Ce  texte a été rédigé à la veille de la visite du président Obama au Sénégal en juin 2013.

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Le yacht de poutine en cale sèche, les mots glaçants de l’équipage du titan juste avant son implosion fatale, un ami de hollande raconte les voyages présidentiels - le livre de la semaine.

Ami du président de la République, Jean-Marie Cambacérès connaît bien les voyages officiels. Il en raconte les coulisses dans un livre  qui vient de paraître, «Dans les coulisses des voyages présidentiels» (éd. Le Cherche-midi).

Ils suscitent bien des fantasmes. Qui en est? Combien coûtent-ils? A quoi servent-ils? Jean-Marie Cambacérès , ­camarade de promo de François ­Hollande, fin connaisseur de l'Asie, invité régulier des voyages officiels en Chine, s'est penché sur ces déplacements à haute valeur médiatique et politique. Si ces escapades sont de plus en plus nombreuses –3 par an en moyenne pour de Gaulle contre 39 pour Sarkozy–, elles sont aussi de plus en plus courtes, deux ou trois jours au plus.

Bien documenté, il détaille les missions préparatoires, protocoles, dîners d'Etat ou échanges de cadeaux. Cambacérès, président de l'association Démocratie 2012, qui réunit des inconditionnels de la hollandie, s'interroge sur l'avenir de ces ­déplacements, si formels et rapides qu'ils deviennent contre-productifs, et plaide pour la création d'un poste de vice-président ou de ministre d'Etat chargé de parcourir la planète. Le président ne ferait qu'une «super-visite» par an. Il ne dit pas s'il a convaincu Hollande…

A lire : La parenthèse africaine de François Hollande A lire : François Hollande à Washington  

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François hollande votera la motion de censure contre michel barnier, sophie davant et william leymergie, mireille mathieu… les stars s'invitent au festival de ramatuelle, royaux et présidents du monde accueillis fastueusement au louvre pour lancer les jeux olympiques, françois hollande et julie gayet ont voté à tulle, législatives 2024, second tour : françois hollande élu député, en images : françois hollande et julie gayet, bardella, attal… les politiques votent aux législatives, mélenchon premier ministre la déclaration qui gêne la gauche.

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Dans les coulisses des voyages présidentiels (French Edition) Paperback – February 12, 2015

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Les voyages officiels des présidents de la République sous la Ve République

Pour tout savoir sur les voyages officiels des présidents de la République, leur préparation, les invités, les accompagnateurs, la sécurité, l'avion présidentiel... plongez dans ce livre qui, pour chaque président, raconte quelques-uns de ses voyages ayant un caractère particulier comme la plus grande répercussion politique, la première venue dans un pays, le plus gros contrat, le plus mouvementé ou encore le plus insolite, et bien d'autres aspects de ces déplacements toujours singuliers. Vous connaîtrez les évolutions de ces voyages depuis cinquante ans, notamment le rôle accru des " premières dames " et la façon dont se dessine, dorénavant, leur devenir. Proche des hauts dirigeants politiques français depuis une trentaine d'années, l'auteur mêle dans ce document les anecdotes à la grande Histoire, en s'appuyant sur des témoignages et sur son expérience personnelle. Il vous invite à monter dans l'avion présidentiel pour voyager, comme si vous y étiez, au côté d'un chef d'État, avec tous les détails, parfois drôles ou cocasses, de ces expéditions où tout est prévu. Enfin... presque !

• Print length 286 pages
• Language French
• Publisher CHERCHE MIDI
• Publication date February 12, 2015
• Dimensions 5.59 x 0.98 x 8.66 inches
• ISBN-10 2749132428
• ISBN-13 978-2749132426
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Editorial Reviews

About the author.

Ancien élève de l'Éna (promotion Voltaire), ancien député du Gard, diplômé de chinois, président de l'association France-Asie et de Démocratie 2012, Jean-Marie Cambacérès est déjà l'auteur, au cherche midi, de Sihanouk, le roi insubmersible (2013).

Product details

• Publisher ‏ : ‎ CHERCHE MIDI (February 12, 2015)
• Language ‏ : ‎ French
• Paperback ‏ : ‎ 286 pages
• ISBN-10 ‏ : ‎ 2749132428
• ISBN-13 ‏ : ‎ 978-2749132426
• Item Weight ‏ : ‎ 13.4 ounces
• Dimensions ‏ : ‎ 5.59 x 0.98 x 8.66 inches

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Jean-marie cambacérès.

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 Mi-artiste, mi-reporter, Mathieu Sapin suit Emmanuel Macron dans douze de ses voyages officiels à travers la France. Cette « filature documentaire » donne à voir une radioscopie facétieuse du pouvoir et de ses coulisses, qui se lit comme le roman...

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